Notre nom, celui hérité par nos enfants, on ignore souvent le sens de ce petit mot qui nous différencie les uns des autres, revêtant pourtant pour chacun une certaine importance. On pénètre avec lui au sein de notre intimité, de notre héritage, de la continuité et de la pérennité de notre descendance.
Dale Carnegie, psychologue américain disait à ce sujet : - Souvenez-vous que le nom d'un homme est pour lui le mot le plus agréable et le plus important de tout le vocabulaire ! » Il semble évident que le nom exerce une certaine influence sur celui qui le porte. Un Napoléon Bonaparte aurait-il eu la même carrière s'il était né Martin, Tondu, ou Escartefigue ? La nouvelle loi qui permet aux femmes mariées de conserver leur nom de jeune fille, est une excellente chose, car s'appeler Dumoulin et devenir Lacaune, par exemple, n'était pas toujours très agréable. Pourtant nous ne savons que peu de choses sur les origines de la plupart des patronymes.

Aucune loi n'a jamais décidé qu'il devait exister un nom de famille. Seule, la coutume a établi qu'il était de bon ton qu'un enfant prenne le nom de son père. Le Code Civil lui-même demeure muet à ce propos. Venu de la nuit des temps, héritage d'une lignée familiale, le nom recèle pourtant de véritables trésors d'enseignements concernant les mentalités de nos lointains ancêtres. Ce n'est qu'avec la création des Livrets de Famille, dans les années 1870, que les noms ont été considérés comme définitifs. En principe d'ailleurs, car les analphabètes venant déclarer en mairie un enfant en 1908 étaient connus et nul n'aurait eu l'idée de leur demander un quelconque livret. Du fait, souvent l'acte était rédigé avec une orthographe ou une autre. C'est ainsi qu'un Fontain devenait Fontaine, ou qu'un Richard se retrouvait Ricardi ou Ricard. ( Nous en 1961)

Avec les années, les différenciations orthographiques ont donné naissance à des lignées nouvelles, les personnes concernées se souciant peu – sauf dans la bourgeoisie - de leur vrai patronyme. Mais mille autres accidents de parcours risquaient de survenir. A tout moment les noms de famille ont pu évoluer ou être déformés de façon à éviter les quiproquos. Un Cocu devint par exemple Courdu et un Débauché un Debauch ou un Debuc. Delaplace devint Laplace, un Lâne se retrouva Lainé, etc. La Révolution de 1789 est aussi responsable de l'abandon de particules, du ressoudage des deux parties ou de la modification de l'orthographe même. Leroi devint Leroy, de Trémontels accoucha de Detrémon, ou du seul Trémontels..
Beaucoup de familles ont été victimes, parfois sur la guillotine, lors de l'immonde terreur, de la seule particularité qui les avait fait naître Capet ou Royaume. L'Empire et le Directoire permirent à beaucoup de faux nobles de récupérer leur vrai patronyme de naissance, ce qui n'était, au fond, que justice pour les rescapés des périodes sanglantes de notre histoire. Que dire aussi de la diversité des noms ? Nullement d'origine étrangère, il y a toujours eu des Maures, Maurins, Sarrazins ou Sarasins .. A croire que Charles Martel aurait combattu et vaincu les arabes pour rien. Avant que les facilités touristiques et douanières ne surviennent, avant l'ouverture des frontières, les origines des noms de famille provenaient souvent de métiers exercés par les intéressés, ou bien de surnoms, voire de patronymes régionaux et patois.

Les métiers de la viande donnaient des Leboucher, des Saignant, des Coutelier, ceux de la terre des Terriots, des Dubois, des Labourier, tandis que les pêcheurs s'appelaient Marinier, Pescadou, ou Degaule. Le jeu des surnoms a donc joué un rôle capital dans les dynasties patronymiques, et chercher ses origines en remontant les années jusqu'aux ancêtres les plus connus, permet de se persuader parfois que le hasard n'était pas souvent en jeu. Toutefois, si vous vous nommez Faignan, n'en déduisez pas que vous descendez d'un Fainéant, les surnoms ayant aussi parfois des origines affectives. Le Pitchounet affectueux provençal ayant pu se transformer en Picchou ou en Pichet.. Il existe d'excellents ouvrages traitant des secrets des noms de famille. Des auteurs spécialisés ont fait d'importantes fouilles dans les archives du passé.
Si vous voulez en savoir plus sur votre ascendance, plusieurs solutions s'offrent à vous : Découvrir ces livres qui, disons-le tout de suite, ne peuvent aborder que des recherches générales détaillées, ou aller en mairie, rechercher des archives. C'est toujours laborieux mais extrêmement enrichissant, malgré les découvertes plus ou moins gênantes que l'on risque de faire. Un Robineau peut ainsi se découvrir Robinet, ou un Diddon un simple Dindon, mais après tout, se livrer à la saine distraction d'essayer de remonter le temps vers ses origines lointaines, n'est-il pas préférable à tout ce temps perdu à écouter les discours politiques des uns ou des autres, ou à frémir au récit des horreurs quotidiennes que nous débite, sans broncher, notre sacro-sainte télévision ?
Camile FARRAN